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Le Cycle des Crépusculaires

de Mathieu Gaborit

 

 

Cette trilogie (Souffre-Jour / Les Danseurs de Lorgol / Agone) décrit les aventures d’Agone de Rochronde, et son ascension au sein de la noblesse Urguemande, l’un des Royaumes Crépusculaires.

Agone est un jeune prêtre Itinérant de Préceptorale, collège de moines humanistes qui prône l’enseignement de l’écriture aux paysans. Il est rappelé auprès de la dépouille de son père, Baron de Rochronde, pour écouter son testament, lui qui a refusé d’être le nouveau Baron. Son père l’envoie au sein du Souffre-Jour, collège mystérieux, qui forme les éminences grises, maîtres espions et diplomates. C’est pour Agone, le début d’aventures qui vont l’amener à déjouer les plans d’un farfadet magicien, de sorciers obscurs, et le transformer en un Mage - Musicien sans pitié, à la tête du Royaume.

 

Ses compagnons d’aventures seront un nain, un ogre, une Chorégraphe, magicienne qui utilise plusieurs Danseurs (ces petites créatures dont la danse permet de lancer des sorts), une rapière dotée d’une âme, et une fée noire, mère de gargouilles de pierre.

 

Le Cycle des Crépusculaires est à la croisée des genres de la fantasy : à la fois romans d’aventures, romans initiatiques, romans d’intrigues et de complots, de découverte d’un univers baroque, original et à mi-chemin entre la décadence et la barbarie.

 

Les personnages sont fouillés et subissent une évolution intéressante au cours du cycle : le jeune Agone, torturé par son passé adolescent, durant lequel son père l’obligeait à pourchasser les mendiants de Lorgol, devient Agone l’homme, qui a accepté ses fautes, et comprend l’obligation d’être dur, voire inhumain, dans un univers rude voire... inhumain.

 

Les descriptions de lieux fabuleux (Les Milles Tours de Lorgol ; la Chapelle perdue au milieu des Marais) sont riches et sont visuelles.

 

Le rythme est très varié, voire inégal, selon les romans. Souffre-Jour est le plus lent. Quasi huis-clos, il narre l’initiation d’Agone à la magie de l’Accord, magie basée sur la musique. S’installe une étrange ambiance, assez feutrée et mystérieuse, que vient à peine rompre les quelques emballements du récit, d’ailleurs largement entrecoupé par les moments de doutes d’Agone.

 

Les Danseurs de Lorgol est plus nerveux. Il décrit le complot fomenté par Lerschwin, mage Farfadet de l’Eclipse, pour annihiler ses compagnons magiciens. Agone y apprend la magie, et renoue avec son passé sulfureux.

 

Agone conclue avec brio le cycle, avec l’invasion d’Urguemand par le royaume voisin de Janrénie, et les premières exactions de la Province Liturgique, théocratie totalitaire, où domine une Inquisition aussi efficace que cruelle. Agone y déjoue les plans de plusieurs Obscurantistes, ces magiciens dévoyés qui torturent, voire tuent les Danseurs. Il rencontre également, pour la première fois, les musiciens du Faux-Accord, et déjouent leurs intrigues. Il va de soi que pour Agone, déjouer des plans, des intrigues ou des complots signifie en règle générale, éliminer les conspirateurs de manière définitive. Agone montre dans ce roman éponyme une absence de pitié assez choquante. C’est peut-être le seul aspect qui me gène dans ce cycle : l’aspect assez sombre, à la limite du dark ou du gothique (dans tous les mauvais sens du terme), de certains personnages. Les tortures des Danseurs, voire leur sacrifice, sont évoquées de manière très crue et provoquent, en tout cas chez moi, un sentiment de malaise assez désagréable.

 

En définitive, le cycle des Crépusculaires est très plaisant à lire, et mérite réellement le détour. Il est à noter que ces romans font l’objet d’un Jeu de Rôle, sorti récemment, dont vous avez pu lire tout le bien que j’en pense dans un numéro précèdent d’Yggdrasill. L’action de ce jeu se déroule une cinquantaine d’années après la période d’Agone, ce qui permet de garder intact la plupart des secrets de l’univers. D’ailleurs, le jeu va plus loin que les romans, et explique de manière détaillée des éléments historiques et de cosmogonie qui ne sont pas présentés dans les romans.

 

Le Cycle des Crépusculaires, Mathieu Gaborit, Editions Mnémos

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