PJ et Avocats & Associés
PJ est une série française qui
appartient à cette veine réaliste, à la mode depuis quelques années
et si bien représentée par des consurs américaines comme
Urgences ou NYDP. Rangez
au placard les poursuites effrénées et les cascades spectaculaires
de voitures à la Starky et Hutch, oubliez
les échanges et le crépitement des armes à feu comme dans
l'Inspecteur Harry ou Rick Hunter mais entrez donc dans la vie
quotidienne d'une équipe d'un Commissariat de Police Judiciaire
dans le Quartier Saint Martin à Paris où se déroulent des enquêtes
de routine rarement palpitantes (pour les policiers du moins),
des interrogatoires, de véritables drames humains. PJ nous plonge sans ménagement mais sans voyeurisme, avec rigueur
et réalisme dans l'univers rarement rose, souvent sordide, de
la faune parisienne. Les scénarios ne cherchent jamais ni à éviter,
ni à tempérer certains aspects gênants de notre société (la drogue,
la prostitution masculine des mineurs, la détresse humaine
).
Les intrigues sont quasiment traitées à la manière dun documentaire,
avec tact, sans s'appesantir. Les personnages secondaires sont
criants de vérité.
Quant aux héros, mais peut-on appeler des « héros », des hommes
et des femmes qui essaient plus ou moins consciencieusement, de
faire leur boulot, avec leurs peurs, leurs doutes, leurs rancunes,
leurs défauts, on pourra certes reprocher aux personnages principaux
d'être un peu « chargés », à la limite de la caricature :
la jeune stagiaire d'extrême droite, un syndicaliste, un ancien
alcoolique, une ancienne droguée, une lesbienne,
Mais cette
accumulation un peu maladroite ne nuit en rien à la crédibilité
de la série et s'efface devant la qualité des interprétations.
Par bien des cotés, PJ rappelle
souvent L627, le film
choc de Bertrand Tavernier.
Avocats & Associés aborde le domaine de la Justice
sous un autre angle : celui des prétoires. Les partis pris
artistiques et « scénaristiques » sont à peu près identiques
à ceux adoptés dans PJ.
Lunivers professionnel (ici, les scènes de procès) bénéficie
dun traitement aussi rigoureux et réaliste. Cependant, les
personnages principaux, des avocats dun même cabinet, et
les situations sont, à mon sens, légèrement plus romancés que
dans PJ.
La personnalité
des personnages principaux est par contre plus fine. Loin dêtre
des anti-héros, ces avocats sont aussi loin dêtre parfaits
mais ce sont leurs défauts qui les rendent attachants et humains.
La série évite lécueil de la « Bonne Moralité » ;
les héros ne sont pas des justiciers irréprochables défendant
toujours la Juste Cause mais seulement des professionnels du Droit
utilisant la Loi et les failles de cette dernière pour défendre
les intérêts de leurs clients dont la moralité est justement,
parfois fort douteuse (Laurent découvre un vice de procédure qui
permet la libération dun casseur de banque ayant tué un
agent de sécurité).
Les scènes de procès nous
permettent denrichir intelligemment notre culture générale
sur le rôle des différents tribunaux et, de façon plus générale,
le fonctionnement de la Justice française.
Pour notre génération bercée et marquée par les séries et la culture américaine,
PJ et Avocats & Associés présentent l'immense
avantage de remettre les pendules à l'heure et nous renseigner
avec précision et justesse sur les pouvoirs et prérogatives de
la Police Judiciaire et des différents acteurs du système judiciaire
français ; terminé l'emploi abusif des mandats de perquisition,
typiquement américain, ou les « votre honneur » pour s'adresser
aux juges
Tout meneur de jeux modernes (Vampire,
Cthulhu Now
),
se déroulant en France, trouvera dans ces deux séries, des éléments
précieux pour faire « fonctionner » correctement et
de manière cohérente son univers.
PJ et Avocats & Associés sont produites par France 2 qui en assurent aussi la diffusion chaque vendredi
dans la soirée. Actuellement, la diffusion est suspendue en attendant
les épisodes des nouvelles saisons.